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sept
05

L’USM superstar in USA, vainqueur de la « Porter Cup » (mai 1978)

Dès l’automne 1977, Michel Pédurand envisage pour l’équipe I de l’USM un voyage aux Etats-Unis qui, coïncidant avec un tournoi de rugby, va vite prendre la forme d’une tournée avec en point d’orgue le « Tournement Porter-Cup 1978″, organisé par le Richmond Rugby Club, de l’Etat de Virginie. Cette compétition, qui se déroule en mai 1978, réunit les meilleurs clubs de XV d’Amérique du Nord dont New-York, Norfolk et le grand favori, le Saint-James River Club de Richmond.

La délégation montalbanaise conduite par le président Guy Lexpert, Michel Neuville, le soigneur Henri Mieulet et l’entraîneur Jean-Claude Sahuc a rendez-vous le lundi 8 mai à 23 heures devant le café de l’Industrie où tous, vêtus d’élégants survêtements vert satiné « Adidas » offerts par Henri Roméro, sont impatients de vivre le rêve américain. Vers 23h30, le car de la maison Barrière met le cap sur Barcelone d’où les Montalbanais s’envoleront pour New-York avec escale à Madrid. Le voyage se passe calmement et tous en profitent pour récupérer des fatigues du trajet Montauban-Barcelone. Après huit heures passées au-dessus de l’Atlantique, la mégapole new-yorkaise est soudain à nos pieds, apparition divine, comme dans le plus beau des reportages de cinéma. Sur l’île de Manhattan, reliée au continent par le pont de Brooklyn sur l’East River, on distingue précisément  un immense rectangle vert, sans doute Central Park. Quand l’avion se pose à Airport Kennedy, une sensation inconnue jusqu’alors m’envahit, peut-être la même que celle ressentie en 1492 par les compagnons de Colomb quand ils virent à l’horizon se profiler la côte américaine. Le décalage horaire permet une incursion dans Manhattan, par petits groupes. Les « cabs », les taxis jaunes sont là qui nous attendent. Plus nous nous rapprochons de l’île de Peter Stuyvesant, plus la notion de l’espace évolue. Il fait chaud. Le « terrien » que je suis, habitué à décrypter son environnement en seulement deux dimensions perd soudain ses repaires: le gigantisme est partout, nous enveloppe, nous étouffe, nous paralyse; Gulliver est chez les géants; j’hallucine, c’est un choc, un grand choc ! Tout est démesuré; à côté des « skycrapers » la tour de Babel n’est qu’une taupinière, Montauban, Toulouse, Bordeaux, Lyon, ne sont que de simples hameaux. Les World Trade Centers, l’Empire State Building, l’immeuble Chrysler écrasent de leur superbe les avenues réduites à de minces artères régies par la loi du perpendiculaire. Direction la Virginie, le but de notre odyssée. Au décollage de New-York, lentement, le paysage dévoile l’immensité de l’est américain avec ses forêts, ses plaines sillonnées par de longues rivières sinueuses et bientôt l’apparition de la verdoyante Virginie, état emblématique de la révolte américaine contre le joug anglais. A l’aéroport de Richmond, nous sommes chaleureusement accueillis par les joueurs de Saint-James-River qui vont nous héberger. L’entraînement commun de l’après-midi du jeudi en vue du tournoi de fin de semaine, nous réserve quelques surprises avec la méthode commando de l’entraîneur yankee qui nous prend pour des légionnaires. Le lendemain vendredi, l’excursion à Williamsburg est purement  merveilleuse: une partie du cœur de la ville bat au rythme du XVIIIe siècle, tout est resté figé et les artisans en costume d’époque travaillent consciencieusement. Le temps semble s’être arrêté. Seule la tenue des touristes ramène au XXe siècle. Advient enfin le moment du Tournoi, de ce fameux « Tournement » dans un cadre champêtre où règne une convivialité spontanée. Nous sommes revenus aux sources du rugby de ce début de siècle avec implantation des poteaux et traçage de lignes effectués au dernier moment. Pas de vestiaire, pas de douches mais une rivière toute proche dans laquelle tous les acteurs plongeront au coup de sifflet final. Le premier match contre Norfolk est pour le moins rugueux face à des adversaires aux moyens physiques étonnants qui, influencés par le « Super-Ball », affectionnent les placages à retardement et pratiquent le hors-jeu à outrance. La victoire est au rendez-vous (23 à 18) mais le plus dur est à venir contre nos amis du Saint-James River qui jouent le match de leur vie et embrouillent notre rugby à coups de courage et de tenacité. Avec un peu de chance malgré un arbitrage maison et l’expulsion de Diégo Peccolo, nous voilà propulsés en finale (7 à 6). La finale est une formalité face au Richmond Football Club et 7 essais couronnent cette première sapiacaine sur les terres du nouveau monde.

USM vainqueur de la Porter Cup: arrière: Gérard Bréhier, 3/4: Didier Falcomer, Robert Brésolin (cap), Gérard Touyères, Claude Touyères, 1/2: Jean-Claude Ménard et Jean-Claude Soriano, avants: Daniel Ouvrié, Jean-Paul Mercier et Michel Pédurand, Jean-Pierre Brousse et Jacky Gautier, Didier Blanc, Diègo Peccolo et Francis Petit;

Le soir, plus de trois cent personnes participent à une « party », avec folklore local et trente fûts de bière éclusés. Champions de la côte est des Etats-Unis l’après-midi, nous sommes vite dépassés dans le registre festif de la soirée.

Etourdis par la longue nuit, la journée du lundi à Virginia Beach, station balnéaire au bord de l’océan, nous offre un calme réparateur avec en fond de décor les porte-avions et les cuirassés de la marine US. Dans la soirée, le retour à Richmond se passe dans la bonne humeur générale. Le mardi 16 mai est le jour le plus calme de la tournée avec shopping à Richmond et la visite de l’usine de tabac Philip Morris à bord de petites voiturettes électriques. Tout respire l’ordre dans cette fabrique de cigarettes construite sur un promontoire; tout est minuté, réfléchi, organisé, jusqu’au moindre détail. Le silence règne en maître avec pour seul bruit de fond le doux ronronnement des machines. Pont aérien jusqu’à Washington et, mercredi et jeudi, deux journées inoubliables avec la visite du Capitole, devant lequel nous posons pour la postérité, et celle de la Maison-Blanche aussi bien gardée que Fort-Knox, du Musée de l’Espace où je découvre avec stupéfaction l’exiguïté de la cabine Apollo et la petite taille du Spirit of Saint-Louis de Lindbergh. Puis c’est l’émouvant pèlerinage au cimetière d’Arlington où reposent le président Kennedy et son frère Robert assassinés à quelques années d’intervalle. Le soir, nous nous accordons un intermède culinaire dans une pizzeria italienne dont je n’ai pas encore oublié aujourd’hui le fruité vin rosé. Le vendredi, c’est l’éblouissante découverte, à Monticello, de la maison d’un génie de l’humanité, Thomas Jefferson, l’auteur de la Déclaration d’Indépendance en 1776, président des Etats-Unis de 1801 à 1809 et mathématicien d’exception. Dans et autour de cette demeure unique, tout est parfaitement agencé jusqu’à la conception géométrique des jardins et à l’exposition cosmique des pièces. L’âme de Thomas Jefferson plane encore sur ces lieux sacrés. Dernière journée, le samedi 20 mai, avant le retour en Europe en compagnie des amis de Saint-James et un match amical suivi de joyeuses agapes. C’est à notre grand regret le temps des adieux, retour à New-York avec un crochet chez Lady Liberty. Au décollage  de New-York, nous frôlons la catastrophe avec une rupture du train d’atterrissage. Quelques heures plus tard, nous retrouvons la France, nos familles et sommes riches d’impérissables souvenirs. Nous sommes le dimanche 21 mai 1978.

Didier Blanc

1 commentaire

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  1. girardi charly a dit :

    je donne mon accord pour le voyage italy girardi jp 20 01 1946 donne cheque a titi salut a bientot

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