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fév
15

Sapiac for ever

Je l’avoue : je ne suis pas des vôtres. Gamin, mon ballon tournait rond sur les terrains de la Fobio ou de Viala. Ce n’est pas faute d’avoir subi d’amicales pressions familiales, mais je n’ai jamais osé quitter mes petits camarades pousse-citrouille pour franchir le « rugby con » !

Des regrets aujourd’hui ? Peut-être. Même si mes expériences au centre ou à l’aile de l’équipe de rugby de la presse parisienne m’ont vite fait comprendre que cela aurait été compliqué pour moi de faire carrière.

Mais Sapiac reste ancré dans mes souvenirs d’enfant. Ces dimanches après-midi passés derrière les grillages en compagnie de mon père, à s’égosiller la voix pour soutenir les « vert et noir » du capitaine Eric Blanc, s’emballer pour les relances des frères Méric ou de Faragou, pester contre l’arbitre qu’on enverrait bien au Tescou. Je me rappelle les chaussettes en tire-bouchon de Péméja, les feintes de passe de Llopis, les charges de Gascou, les envolées de Landes, les placages de Sergeev. Ces derbys enflammés contre Valence d’Agen, les « quilles » de Pebay, les marrons de Dutour… Et ces supporters si fidèles qui encore aujourd’hui perpétuent la légende de la « cuvette ».

Mais Sapiac c’est surtout tout un rituel avec mon grand-père. Ces départs vers le stade presque bouche cousue, comme s’il allait lui-même disputer le match. La tension qui monte à l’approche du coup d’envoi. Ses effusions de joie les soirs de victoire, les pincements au cœur les jours de défaites. Cet amour pour sa chère USM. Quelle fierté pour l’enfant que j’étais de l’accompagner. Lorsque Montauban jouait à l’extérieur, c’est Rémi Constant qui nous faisait vivre les rencontres l’oreille collée au transistor.

Rugby, radio, il n’y a pas de hasard. J’ai toujours voulu devenir journaliste. C’est par procuration que j’ai pris cette voie.

Quelques années plus tard, c’est à Sapiac que j’ai commenté mon premier match de Top14. Montauban-Bayonne. Mon patron voulait que je me sente à l’aise pour mes débuts. Tu parles !… il est Bayonnais ! Montauban s’était imposé largement. C’était le temps où le MTG XV rivalisait avec les meilleurs, où le Petit Poucet donnait du fil à retordre aux gros du championnat, où Sapiac résonnait comme un tambour, où la grosse caisse des Ultras faisait trembler les buteurs adverses. Un temps pas si lointain et pourtant…

La réalité du monde professionnel a rattrapé ce club centenaire. Quel gâchis. Adieu MTG XV. Pas besoin de s’étendre sur l’inconscience des uns, l’ignorance des autres. La vérité est qu’il est de plus en plus difficile de survivre sans mécène, ni tissu économique important dans cette course à l’armement permanent qu’est devenu le Top14. Heureusement, l’USM, elle, est toujours vivante. Il ne se passe pas un week-end sur les terrains de l’élite sans que je croise un ancien « vert et noir ». Tous sont unanimes, ils ont vécu leurs plus belles années de rugbyman à Montauban.

Alors pourquoi ne pas rêver ? Aujourd’hui, l’USM recolle les morceaux patiemment en Fédérale. Les bases sont solides, son public, ses partenaires sont au soutien. Il y a de la place pour Montauban en ProD2, inutile de voir plus grand. Ne vaut-il pas mieux jouer le haut de tableau en 2ème division que mettre en danger un club pour lutter coûte que coûte dans une élite impitoyable ?

Tôt ou tard, Montauban redeviendra la place forte de ce jeu qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Et alors Sapiac entretiendra sa légende. Sapiac for ever !

Philippe Fleys

2 commentaires

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  1. Cathy a dit :

    Très bel hommage à SAPIAC de la part d’un grand journaliste et expert.
    ALLEZ SAPIAC!

  2. bortolini marc a dit :

    au soir du 26 05 2013 j espere que malgre tout ce qui est et qui encore bien vrai
    le rugby sapiacain pourra exister malgre l indigence[le mot est faible] des instances federales et nationales et de l ensemble de la presse sportive qui s ingenie pour
    le rugby pro se casse la gueule a sapiac voir le match retour de bourgoin.bravo mr l arbitre ;mr le president de la LNR present dansle vestiaire de CASTRES :es ce la place d un ponte ??? fut-il natif de BOURGOIN et ancien president du club du TARN
    ALLEZ SAPIAC ON FINIRAS PAR Y ARRIVER
    ALLEZ LES PETITS comme jai toujours entendu dans ma jeunesse il y as quelques annees, une petite cinquantaine
    countumios

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